Un artiste chinois transcende le handicap à travers l'art à Paris
Zuo Wenjun, jeune artiste chinois, peint dans un studio à Yinchuan, chef-lieu de la région autonome Hui du Ningxia, dans le nord-ouest de la Chine, le 20 avril 2024. (Photo : Feng Kaihua)
YINCHUAN, 28 avril (Xinhua) -- Début avril, le salon international d'art contemporain Art Shopping à Paris, en France, a mis en avant une œuvre remarquable : "Le mont Kailash". Cette peinture à l'huile, créée par Zuo Wenjun, jeune artiste chinois originaire de la région autonome Hui du Ningxia (nord-ouest), révèle une source de force tirée de son handicap. Paralysé dès son plus jeune âge, M. Zuo n'a jamais laissé ses limitations définir ses capacités créatives.
N'ayant jamais pu voyager au Xizang, M. Zuo a composé cette œuvre en s'inspirant de photographies, enrichissant son travail d'une profonde réflexion philosophique. Son rapport à l'art, né d'une curiosité insatiable pour l'univers, se manifeste dans sa volonté indéfectible de transcender les limites physiques qui lui sont imposées.
"L'art est ma fenêtre sur le monde, mon espace de liberté", confie-t-il avec un sourire empreint de résilience.
Chaque coup de pinceau de M. Zuo représente une victoire sur son handicap. Incapable de tenir un verre ou d'utiliser les baguettes sans efforts herculéens, il a développé une technique picturale minutieuse, rivalisant avec la précision d'une photographie haute définition. Ce processus méticuleux est un témoignage poignant de la capacité de l'art à transcender les défis personnels.
Le parcours de M. Zuo est jalonné de sacrifices et d'un soutien familial inébranlable. Ses parents, des ouvriers, ont compris tôt l'importance de nourrir ses aspirations artistiques. Sa mère, en particulier, a quitté son travail pour s'occuper de lui.
A l'âge de huit ans, ses parents lui ont offert sa première boîte de craies. Avec ces simples bâtonnets de couleur, M. Zuo a dessiné sur le sol de sa cour des formes qui préfiguraient ses explorations spatiales et artistiques.
Reconnu pour ses talents dès le lycée, M. Zuo a été soutenu par ses parents qui ont trouvé une école adaptée à ses ambitions.
Malgré les tremblements incessants de ses mains qui brisaient les crayons sous la pression, sa mère veillait nuit après nuit à préparer le matériel nécessaire pour le lendemain. Ces efforts constants ont finalement porté leurs fruits, permettant à M. Zuo de maîtriser ses mouvements au point de produire des œuvres d'une précision stupéfiante.
Des œuvres de Zuo Wenjun dans un studio, le 20 avril 2024. "Le mont Kailash", en bas à droite, a été exposé lors du salon international d'art contemporain Art Shopping à Paris, en France. (Photo : Feng Kaihua)
Après des années de pratique assidue, son dévouement a culminé avec son admission à l'Université du Ningxia, suivie d'un perfectionnement à l'Académie nationale des arts de Chine entre 2019 et 2022, où il a affiné sa technique sous l'inspiration de maîtres renommés.
Avec le soutien de son épouse, Ma Chanyuan, il s'est non seulement établi comme artiste, mais aussi comme mentor et philanthrope, vendant ses œuvres afin de financer des interventions chirurgicales pour enfants handicapés et offrant des cours de peinture gratuits.
"La vie est comme une toile ; sa beauté réside dans la richesse de ses nuances sombres", déclare-t-il. Ses aspirations ne s'arrêtent pas aux expositions ; il rêve de dialoguer avec le monde à travers ses toiles, de partager sa vision et d'inspirer d'autres à briser leurs propres barrières.
La présence de ses œuvres au Carrousel du Louvre n'est pas seulement une reconnaissance de son talent ; elle symbolise la célébration d'une vie marquée par des luttes et des triomphes, affirmant que l'art est, avant tout, une manifestation de l'esprit humain face à l'adversité.