Un musée centenaire de Tianjin raconte les liens sino-français
Photo prise le 27 janvier 2024 dans le musée de Beijiang à Tianjin, municipalité du nord de la Chine. (Photo : Li Ran)
TIANJIN, 19 mai (Xinhua) -- Un squelette complet de rhinocéros poilu est exposé depuis un siècle au Musée national d'histoire naturelle en France, tandis qu'un squelette similaire mis au jour au même lieu en Chine est exposé au musée de Beijiang, dans la municipalité chinoise de Tianjin (nord).
Le musée de Beijiang est un trésor caché vieux d'un siècle, niché au cœur de la zone urbaine historique de Wudadao, une destination touristique populaire du centre-ville de Tianjin.
Le musée abrite plus de 400.000 fossiles et spécimens d'animaux, de plantes, de roches, de minéraux et d'humains anciens, mais selon le conservateur Zhang Caixin, ce qui distingue le musée n'est pas seulement sa grande collection, mais aussi l'histoire captivante de son fondateur, Paul Emile Licent.
En mars 1914, M. Licent arrive à Tianjin, le cœur débordant de curiosité scientifique. Il est cependant loin de se douter que son arrivée marquera le début d'une aventure extraordinaire de plus de 25 ans.
Le naturaliste français parcourt les vastes territoires du nord de la Chine. A chaque étape de son expédition, il documente méticuleusement ses découvertes et les rassemble dans le musée qu'il fonde.
Lorsque M. Licent quitte la Chine, il n'emporte que ses effets personnels dans son pays d'origine. Il laisse derrière lui un grand nombre de précieux fossiles paléontologiques et de reliques culturelles préhistoriques excavés pendant ses années universitaires les plus glorieuses, fournissant des ressources indispensables aux futurs scientifiques pour mener des recherches approfondies, selon M. Zhang.
"Je ne peux pas piller dans le musée les artefacts rassemblés, qui ont été collectés à grands frais dans différents endroits [...] Mon principe est que tous ces rares artefacts paléontologiques découverts doivent rester sur leur lieu de découverte", écrit M. Licent dans un livre.
Ce joyau architectural conserve non seulement son site d'origine, mais aussi ses collections originales, ses vitrines d'exposition et ses documents historiques. Il peut être considéré comme un "fossile vivant" pour les musées chinois, explique M. Zhang.
La salle d'exposition présente une petite pierre portant des marques de ciseau artificielles, découverte par M. Licent à Qingyang, dans la province chinoise du Gansu (nord-ouest). Il s'agit de la première découverte de vestiges culturels paléolithiques avec des données stratigraphiques précises en Chine.
M. Zhang note que l'existence de ces vestiges a fait voler en éclats l'affirmation des archéologues allemands selon laquelle il n'y avait pas d'ère paléolithique en Chine et a marqué le début de la recherche archéologique paléolithique en Chine, ce qui a valu à M. Licent la réputation de pionnier de l'archéologie paléolithique chinoise.
Cette année marquant le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Un groupe de chercheurs travaillant au musée prévoit de se rendre au Musée national d'histoire naturelle en France pour des échanges universitaires en juin.
"Nous souhaitons la bienvenue aux chercheurs du monde entier au musée de Beijiang, où chaque objet exposé raconte une histoire et où chaque recoin résonne de l'esprit d'exploration", déclare M. Zhang, ajoutant que le musée est aujourd'hui un témoignage du lien durable entre la Chine et la France, et un phare d'échanges culturels pour les générations à venir.