Un chercheur français et sa passion pour la tangoutologie

2025-07-17 00:00:00|Xinhua

Photo prise par drone le 10 juillet 2025, montrant une vue panoramique de la tombe n°3 des Tombes impériales des Xixia à Yinchuan, capitale de la région autonome Hui du Ningxia, dans le nord-ouest de la Chine. (Photo : Feng Kaihua)

YINCHUAN, 17 juillet (Xinhua) -- A l'annonce de l'inscription des Tombes impériales des Xixia au patrimoine mondial, le chercheur français Romain Lefebvre s'est réjoui. Pour lui, ce site mortuaire qu'il a étudié et visité à plusieurs reprises possède une valeur culturelle unique et des caractéristiques architecturales exceptionnelles.

D'après lui, les Xixia, un régime fondé par les Tangoutes (Dangxiang en chinois), ont intégré dans leur système mausoléen les traditions han, la culture bouddhique et ses propres coutumes ethniques distinctes, incarnant ainsi la civilisation chinoise à la fois plurielle et unifiée.

"Cette synthèse multiculturelle fait de ces tombes un témoignage matériel essentiel pour étudier les relations ethniques anciennes, les arts architecturaux et les traditions funéraires", a-t-il confié à Xinhua lors d'une interview.

Agé de 44 ans, Romain travaille actuellement à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Depuis 2006, il s'est rendu à plusieurs reprises à Yinchuan, l'ancienne capitale des Xixia, dans la région autonome Hui du Ningxia, dans le nord-ouest de la Chine, et à chaque visite, il n'a pas manqué d'explorer les tombes impériales, y faisant à chaque fois de nouvelles découvertes.

"En juin dernier, j'y suis retourné et j'ai constaté un changement radical par rapport à ce que j'avais vu il y a huit ans. Les dispositifs muséographiques du site archéologique et du musée se sont considérablement améliorés, permettant aux visiteurs d'accéder à plus de connaissances sur la dynastie des Xixia (1038-1227) et ses tombes impériales", a-il expliqué.

Romain cultive une passion pour la tangoutologie depuis plus de 20 ans. En 2003, alors qu'il perfectionnait son chinois à l'Université de Nanjing, dans l'est de la Chine, un recueil de fragments d'écritures tangoutes est tombé par hasard entre ses mains. Les caractères complexes et énigmatiques l'ont immédiatement fasciné. Sa passion n'a fait que s'intensifier lorsqu'il a découvert l'histoire de cet éphémère royaume des Xixia, qui n'avait duré que 189 ans dans l'histoire chinoise.

Pour approfondir son étude des écritures tangoutes, Romain a choisi de s'installer à Yinchuan en 2006 pour un semestre académique. Durant ce séjour, il a exploré quasiment tous les sites Xixia accessibles dans la ville.

Sa thèse de doctorat, dirigée conjointement par le célèbre tangoutologue chinois Li Fanwen, portait également sur la tangoutologie. C'est sous sa direction que Romain a maîtrisé cette ancienne écriture.

Romain n'a jamais cessé d'étudier l'écriture tangoute et de mener des recherches sur l'histoire et la culture des Xixia. S'appuyant sur les fragments d'écritures tangoutes conservés par la BnF, il a publié une série d'articles académiques.

Ses travaux l'ont conduit à revenir en Chine à deux reprises, en 2015 puis en 2017, pour participer à des colloques internationaux dédiés aux études tangoutes.

"L'inscription au patrimoine mondial ne se réduit pas à une simple mesure de conservation, c'est surtout une occasion de présenter au monde la richesse plurielle de la civilisation chinoise", a-t-il confié. "A travers ce processus, la Chine peut partager avec le monde entier l'histoire singulière de la dynastie des Xixia, renforçant ainsi la compréhension et le respect internationaux envers sa civilisation."