L’île de Gulangyu, modèle pour « Nice, la ville de la villégiature de riviera »

2022-02-24 13:25:27|La Chine au présent

L’île de Gulangyu, située au sud-ouest de la ville de Xiamen, au Fujian, a une superficie de moins de deux kilomètres carrés. Du milieu du XIXe siècle aux années 1940, cette communauté internationale peuplée de résidents de nombreux pays abritait des consulats de 13 pays, mettant en forme des architectures et cultures associant le style local et des styles internationaux. L’île de Gulangyu est considérée comme un « musée des architectures internationales ». En 2017, le site a été inscrit sur le patrimoine culturel mondial par l’UNESCO, ce qui en fait le 52e projet de cet ordre présenté par la Chine.

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Vue panoramique de l’île de Gulangyu, à Xiamen

En vue d’améliorer la protection et la valorisation de cette île, le forum intitulé « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu » y a été organisé le 27 avril 2021. Des experts en protection du patrimoine culturel de l’UNESCO, de Chine et de France y ont donné des discours et fait des propositions.

Les discussions entre les experts chinois et français sur la protection de l’île de Gulangyu sont un bon exemple de l’inspiration que suscitent les échanges entre les civilisations chinoise et française. Cette inspiration permet non seulement de rendre vivants les bâtiments historiques, mais elle permet aussi de renforcer les liens et la solidarité entre la France et la Chine.

Prendre part au forum « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française  : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu » est d’autant plus réjouissant que celui-ci s’inscrit dans le cadre d’une amitié, d’un jumelage et d’une coopération anciens, fidèles et féconds entre la ville de Xiamen et la ville de Nice.

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Des touristes s’amusent sur la plage de l’île de Gulangyu le 6 octobre 2021.

Dès les années 1980, cette relation s’est établie par des échanges universitaires auxquels ont participé plusieurs centaines d’étudiants avec leurs enseignants. En 2012 a eu lieu la première visite d’une délégation niçoise à Xiamen et cette visite s’est précisément déroulée sur l’île de Gulangyu. En 2014, cette relation privilégiée a été consacrée par la signature du jumelage entre les deux villes. Depuis lors, les échanges n’ont cessé de s’intensifier. La ville de Nice a envoyé à Xiamen son Ballet Nice Méditerranée, les chœurs de l’Opéra Nice Côte d’Azur et son célèbre carnaval. À ce titre, Nice a reçu, en 2018, le Premier prix de la coopération décentralisée franco-chinoise attribué par le ministère français des Affaires étrangères. 

Une riche histoire architecturale 

Avec l’ouverture de Xiamen comme port de commerce en 1843 et la désignation de Gulangyu comme établissement international en 1903, cette île des côtes du sud de la Chine est devenue une importante fenêtre d’échanges sino-étrangers. Il en a résulté, au plan patrimonial, un exemple exceptionnel d’une fusion culturelle de styles architecturaux locaux et internationaux : le style traditionnel du Fujian du Sud, le style occidental néo-classique et le style colonial à véranda, débouchant sur un mouvement architectural nouveau, l’Amoy Deco, synthèse entre le style moderniste du début du XXe siècle et le style Art déco. 

Ce sont d’ailleurs ces caractéristiques qui ont été consacrées par l’UNESCO en 2017 par l’inscription de l’île de Gulangyu sur la Liste du patrimoine mondial. Or, ce sont des caractéristiques du même type qui ont inspiré à la ville de Nice l’initiative d’une candidature sur cette même liste.    

Cette démarche a été voulue par le maire de Nice, Christian Estrosi. La candidature de Nice a été retenue par le gouvernement français en janvier 2020 et sera présentée en juillet 2021 au comité du patrimoine mondial.    

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Des gens passent leurs vacances sur la plage à Nice le 22 juin 2020.

Sous le titre « Nice, la ville de la villégiature de riviera », l’objet de cette candidature est une vaste partie de la ville, d’une superficie d’environ 550 ha, qui s’est développée quasiment exclusivement par et pour la villégiature de riviera, avec son urbanisme régulé, ses espaces verts plantés d’essences exotiques, ses promenades au premier rang desquelles l’emblématique promenade des Anglais, son patrimoine de villégiature, reflet d’apports venus du monde entier, avec ses villas, ses hôtels, ses palaces, ses « palais », ses immeubles d’agrément, ses bâtiments témoins de son cosmopolitisme et même ses lieux de culte orthodoxe, anglican, épiscopalien, protestant, juif ou catholique.  

Partage d’expérience    

Au cours des dernières décennies, l’UNESCO a inscrit sur la Liste du patrimoine mondial un certain nombre de sites qui témoignent de grands phénomènes de civilisation. Pour ne citer que des sites français, on peut évoquer Albi qui témoigne de l’influence du pouvoir de l’Église dans l’organisation des villes médiévales, Versailles, devenu le symbole même de la scénographie architecturée de l’espace naturel et urbain par un pouvoir royal, Bordeaux, reflet de la pensée du siècle des Lumières, ou encore Le Havre, modèle même d’une ville de la Reconstruction. L’inscription de « Nice, la ville de la villégiature de riviera » permettrait, de la même façon, d’inscrire sur la Liste du patrimoine mondial un nouveau bien culturel, lui aussi issu d’un phénomène de civilisation, en l’occurrence l’avènement puis le développement, au sein des sociétés modernes, de la villégiature d’agrément dont est né le tourisme.

L’île de Gulangyu constitue un exemple remarquable, qui invite à établir avec la ville de Xiamen une coopération sur les bonnes pratiques et les échanges d’expérience en matière de conservation de nos patrimoines et de gestion des flux touristiques qui s’y rattachent.