Les échanges sino-français vus par Wang Kun, chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres

2021-12-27 18:35:51|China.org.cn

Wang Kun, professeur de français et directeur adjoint de la Faculté des études françaises et francophones de l’Université des langues étrangères de Beijing, a été décoré chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres le 19 mars à Beijing au nom du ministère français de la Culture pour ses contributions à la diffusion de la culture française et aux échanges éducatifs entre la Chine et les pays et régions francophones.

« Comme je l’ai dit dans mon discours le soir de la remise, cet honneur ne m’appartient pas personnellement, mais à l’ensemble des traducteurs que je représente. Ce sont eux qui se consacrent à leur travail avec un sens aigu de la responsabilité et contribuent à la promotion des échanges culturels entre la Chine et la France », a remarqué Wang Kun, lors d’une récente interview accordée à China.org.cn.

Après avoir étudié la langue et la littérature françaises en premier cycle à l’Université des langues étrangères de Beijing, M. Wang s’est tourné vers l’étude de la politique française en master. En 2000, il a obtenu une bourse du gouvernement français pour poursuivre ses études en France. « Depuis, je suis allé plusieurs fois en France et rencontré de nombreux Français. J’ai été témoin du développement continu des relations sino-françaises. C’est une grande chance », a-t-il souligné, évoquant son amour pour la langue française.

« J’ai fait le choix de la sociologie »

Au cycle supérieur de sociologie de l’Institut d’Études politiques de Paris, M. Wang s’est intéressé aux questions sociales en France. « Grâce à mes études de sociologie, j’ai fait la découverte de nombreux aspects de la société française qui m’étaient jusqu’alors inconnus. Cette période d’études m’a fait comprendre que chaque pays est marqué par une complexité de structure sociétale qui lui est propre », a-t-il dit pour expliquer son choix pour la sociologie.

Selon lui, pour comprendre un pays ou une nation, il ne suffit pas de prendre connaissance des discours politiques et des commentaires médiatiques. Le meilleur moyen est d’aller à la rencontre des gens, de s’intéresser à ce qu’ils pensent, et de connaître leur soucis et préoccupations au quotidien. Il faut également effectuer des recherches académiques et réfléchir aux raisons pour lesquelles un tel pays fonctionne de telle manière. « Après mon retour en Chine, les études sociologiques ont été au centre de mes réflexions sur de nombreux thèmes de la société chinoise », a-t-il confié.

Les qualités d’un bon traducteur

M. Wang a traduit plusieurs livres, notamment « Les identités difficiles » d’Alfred Grosser, et « Introduction à la socio-histoire » de Gérard Noiriel. Il estime qu’une bonne traduction dépend certainement des compétences linguistiques du traducteur, mais aussi et surtout de ses connaissances en sciences humaines et sociales, de son respect et de sa discipline aux règles académiques et de sa passion pour la littérature.

Ces dernières années, un grand nombre d’ouvrages académiques ont été traduits en chinois. M. Wang y voit un succès commercial dû à une coopération tous azimuts, de la sélection des ouvrages à la traduction, en passant par l’édition et le marketing. La vente des livres académiques reste tout de même limitée et dépende largement de l’aide à la publication ou du financement de projets de recherche.

Par ailleurs, le nombre de jeunes chercheurs et traducteurs de grandes compétences linguistiques et académiques n’a cessé d’augmenter, s’est-il félicité. « Pour devenir un bon traducteur spécialisé notamment dans les domaines de sciences humaines et sociales, il faut d’un côté avoir un haut niveau de professionnalisme, et de l’autre, garder son enthousiasme pour la traduction, sans parler des compétences linguistiques. »

Une vision plus large pour promouvoir les échanges

En tant que directeur adjoint du Centre de recherche sur les échanges entre la Chine et la France auprès du ministère chinois de l’Education, M. Wang s’est engagé depuis de nombreuses années dans la promotion des échanges culturels entre les deux pays.

Les relations sino-françaises sont selon lui uniques en termes de spécificité historique et de créativité. Il estime que les échanges entre les deux pays dans la culture et les sciences ont toutes les raisons de perdurer au-delà de l’impact de fluctuations politiques temporaires et de suivre leur propre logique de développement afin de jouer le rôle de stabilisateur des relations bilatérales.

En raison de l’épidémie de COVID-19, les échanges universitaires se déroulent majoritairement en ligne. Avec les partenaires comme l’Institut national des langues et cultures orientales (INALCO) à Paris et l’Université de Lille, l’Université des langues étrangères de Beijing a mis à l’essai des cours en ligne en binômes afin d’améliorer les compétences en langue et en communication interculturelle des étudiants. Plusieurs conférences et colloques ont également été organisées en ligne, a précisé M. Wang, qui se charge également du programme d’études à l’étranger de sa faculté.

« Les gens aujourd’hui devraient projeter les échanges sino-français dans l’avenir avec une vision plus large, a-t-il conclu, en s’inspirant de l’esprit d’ouverture et de coopération de pédagogues pionniers dans les échanges universitaires entre les deux pays au cours du siècle dernier ».