Une collaboration agricole sino-française fructueuse dans le Sichuan

2022-02-24 13:26:05|La Chine au présent

Dans la nouvelle zone de Tianfu (située à cheval entre deux villes du Sichuan, à savoir Meishan et Chengdu), on trouve, côté Meishan, le Parc agricole technologique sino-français. À l’intérieur du parc se trouve un village nommé Fleur, qui reproduit un style architectural d’Alsace (France). Les boutiques de toutes tailles du village sont tenues par des agriculteurs issus pour la plupart du parc ou des régions environnantes. En plus des revenus provenant de leurs terres, ces agriculteurs peuvent gagner chaque année, grâce au parc, un revenu considérable, rien que par l’industrie du tourisme culturel.

Pourtant, il y a trois ans encore, une colline sauvage s’étendait ici à perte de vue. « Il s’agissait de 200 000 mètres carrés de terres montagneuses qui ont longtemps été incultes. Et les routes étaient impraticables », a rappelé Zhao Guojun, un responsable du village de Yongquan. En l’absence de ressources et d’industries, la plupart des habitants avaient choisi de partir travailler ailleurs. Mais lorsque le Parc agricole technologique sino-français a commencé à prendre forme, il a redonné vie à cet endroit désert.

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Parc agricole technologique sino-français de la baie Fengyi, à Nanchong, dans la province du Sichuan (sud-ouest)

Faire revenir les travailleurs migrants

La plaine de Chengdu vaste et fertile a été une terre propice au développement agricole depuis les temps anciens. En raison des conditions naturelles favorables, associées à l’environnement géographique fermé du bassin du Sichuan, les habitants étaient trop dépendants, sur le plan de la production agricole, des méthodes traditionnelles et de l’autosuffisance, et manquaient d’expérience du marché. La conséquence a été un faible degré de standardisation, de commercialisation et de marchéisation des produits agricoles, qui a mené directement à une pénurie de taux de conversion en ce qui concerne la richesse foncière. « L’agriculture française est dotée d’un modèle entièrement tourné vers la commercialisation, et les Français nous ont fait part de leur expérience concernant la commercialisation agricole des cultures, un projet que nous sommes en train de développer », a dit Hu Xiaobo, directeur général adjoint du Parc agricole technologique sino-français.

La création du projet sino-français a apporté de nouvelles opportunités pour améliorer l’agriculture à Meishan et de nouvelles idées d’agriculture intelligente aux cultivateurs locaux.

Alors que nous visitons la section légumes de la zone de démonstration agricole du parc, Hu Xiaobo nous confie que tous les villageois possèdent des terres dans la région. Mais auparavant, explique-t-il, les rendements des cultures traditionnelles étaient faibles et les ventes n’étaient pas bonnes. En conséquence, les agriculteurs étaient nombreux à choisir d’aller travailler en ville, laissant la terre inculte. À présent, les nouvelles techniques développées dans le parc ont permis aux villageois d’accroître leurs connaissances et d’élargir leur champ de vision : ils n’imaginaient pas que la culture de légumes était un domaine de connaissance aussi vaste. « Maintenant, quand ils rentrent du travail, ils recourent à ces nouvelles techniques sur leurs propres terres et de nombreux villageois obtiennent ainsi une récolte supérieure de beaucoup à celle des années précédentes. »

« Pour la phase I de la zone de démonstration agricole, le parc a coopéré avec l’Institut national de la recherche agronomique de France pour élaborer un plan de développement de l’industrie agricole, à partir des particularités locales et après avoir mené une analyse et des études scientifiques des conditions naturelles de l’emplacement prévu du projet, telles que la qualité du sol, l’ensoleillement, l’humidité et la température. » D’après Hu Xiaobo, à Meishan, les experts des deux parties ont réservé environ 687 400 mètres carrés de terres pour procéder à des essais de sélection et d’amélioration de variétés chinoises et françaises avantageuses. Ensuite, deux millions de mètres carrés de terres seront transférées vers le sud pour accroître le nombre de variétés. « Grâce au parc, d’excellentes variétés se sont répandues parmi les agriculteurs environnants, amenant de nouvelles dynamiques de croissance. »

Comptant sur la technologie agricole française de pointe, la zone de démonstration agricole se concentre sur cinq grands domaines : la recherche et le développement de variétés, les machines agricoles, la prévention et le contrôle biologiques des maladies des plantes et des insectes nuisibles, la collecte de données, ainsi que la dégradation des pesticides. Elle vise à produire un effet d’entraînement sur les régions environnantes afin de permettre une montée en gamme constante vers une orientation industrielle modernisée et raffinée. Résultat : des produits agricoles ont été vendus à bon prix, la terre a été activée, alors que ceux qui travaillaient ailleurs sont retournés dans leur région natale. « Aujourd’hui, le problème qui préoccupe les habitants n’est plus de savoir comment nourrir leur famille, mais comment développer leur propre industrie agricole et améliorer leur qualité de vie », a confié Zeng Hongjun, un responsable du village de Tiangong.

Stimuler le tourisme rural

Ces deux dernières années, avec la mise en service du parc, les installations complémentaires comme les transports publics ont progressivement été aménagées et de plus en plus de produits ont été exportés vers les pays étrangers, tandis que la logistique, notamment le transport de la chaîne du froid, a été perfectionnée. La production agricole, profitant du « cercle économique de Chengdu » (à moins d’une heure de route de là) et des trains de fret Chine-Europe, s’exporte davantage dans le monde entier. En avril 2019, le Parc agricole technologique sino-français a signé un contrat avec Les Crudettes, l’un des leaders français dans le domaine des salades en sachet et autres crudités préparées, pour construire une usine intelligente de légumes biologiques, de sorte à se connecter aux filières haut de gamme et à créer une nouvelle chaîne pour la filière de légumes de Meishan.

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Un train de fret Chine-Europe reliant Chengdu à Saint-Pétersbourg

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Aéroport international Tianfu de Chengdu

Contrairement aux parcs industriels agricoles traditionnels, ce parc s’est positionné dès le début comme un parc agricole technologique écologique intégrant l’agriculture biologique, les loisirs, le tourisme écologique et culturel, ainsi que des produits dérivés culturels et créatifs, tout en valorisant l’industrie et le tourisme par l’agriculture. En termes d’intégration urbaine-rurale, le parc vise à favoriser l’intégration des industries primaires, secondaires et tertiaires, en mettant en avant les valeurs économiques, écologiques et culturelles de la campagne. En ce qui concerne la mise à niveau des formes industrielles, il cherche à réaliser une répartition transfrontalière et à encourager une profonde fusion entre les éléments de l’agriculture et de l’industrie moderne, pour former un modèle de développement de multiples activités dit « agriculture + ».

Le Parc agricole technologique sino-français prend l’agriculture comme fondement, la coopération internationale comme guide d’ouverture vers l’extérieur, les essais d’introduction des plants du raisin et la sélection de semences de nouvelles cultures des champs comme industries dominantes. Parallèlement, il introduit des technologies de production intelligentes pour les légumes et les fleurs, et adopte de nouveaux modes de production et de vente. L’objectif est d’ériger un exemple de coopération sino-française en matière de sciences agricoles et de piloter la mise à niveau industrielle régionale.

Prenons comme exemple le raisin : de la sélection des variétés et de la plantation dans les champs à la vente de fruits frais et à l’expérience de récolte, en passant par la production et la transformation de vin ou de champagne, ainsi que par l’agrotourisme et les activités culturelles autour du raisin et du vin, le développement industriel a fourni un grand nombre d’emplois, alors que l’afflux de touristes a stimulé la consommation chez les agriculteurs et offert à ces derniers la possibilité de créer leur propre entreprise. Fin 2019, les revenus moyens disponibles des agriculteurs du parc ont atteint 23 000 yuans, soit environ 30 % de plus que la moyenne locale. Ce qui compte, c’est qu’ils engrangent une recette stable et durable.

Profitant du flux de personnes créé par le parc, Gao Shuming, un habitant du village de Hexin, a ouvert un restaurant. Ses clients sont pour la plupart des constructeurs de projets dans la région et des touristes. Lors de la Fête nationale en 2020, son établissement a connu une affluence exceptionnelle. Il a donc l’intention d’étendre son activité à l’hébergement de touristes et à la vente de marchandises spéciales. « Lorsque le parc sera achevé, il est certain que davantage de gens viendront, et nos revenus seront plus stables et plus durables », s’est-il réjoui.

Former des agriculteurs modernes

Le parc accueillera également un institut sino-français pour les fermiers, dont la mission consistera à promouvoir la recherche agricole, généraliser l’enseignement agricole et former des talents agricoles dans une perspective internationale. Cet institut, qui devrait être achevé au cours du second semestre 2021, formera annuellement plus de 5 000 gestionnaires de projets agricoles et responsables professionnels agricoles.

Pour Hu Xiaobo, cet institut fournira des technologies avancées et des talents industriels pour un développement de haute qualité de l’agriculture du Sichuan. Des cours sur les technologies de plantation agricoles seront également organisés. Leur but sera non seulement de former des talents spécialisés, mais aussi d’améliorer la qualité et les capacités des agriculteurs ordinaires. « Mieux vaut apprendre à quelqu’un à pêcher que de lui donner un poisson. Lorsque les agriculteurs acquièrent les compétences nécessaires, ils peuvent, par leurs propres moyens, mener une vie relativement aisée », a-t-il conclu.

*Qin Sufeng est journaliste pour The Belt and Road Reports.