Pascal et Héloïse Gentil, d'une édition des JO de Beijing à l'autre

2022-04-27 08:53:50|La Chine au présent

Lorsque Pascal Gentil, le taekwondoïste français double médaillé olympique, a rencontré Héloïse Gentil, Française qui travaillait pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de Beijing 2008, il était loin de s’imaginer que leur vie serait indissociable des Jeux et de cette ville. 

De 2008 à 2022

« C’était la troisième fois que j’étais sélectionné pour représenter la France aux Jeux, troisième fois que le taekwondo était au programme olympique. Malheureusement, quelques semaines avant de pouvoir confirmer ma participation, je me blesse et je dois être remplacé », a raconté Pascal Gentil. Il a cependant eu de la chance dans son malheur car les Jeux lui ont permis de rencontrer Héloïse, qui deviendra son épouse. 

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Pascal Gentil (capture d'écran d'une vidéo de Xinhua)

Tout juste diplômée de l’INALCO en chinois, Héloïse Gentil avait été sélectionnée par l’ambassade de France en Chine pour rejoindre le Comité d’organisation de Beijing 2008, traductrice puis chargée de constituer l’équipe de traducteurs du système d’information des Jeux en français. Elle ne s’attendait pas à pouvoir retourner à Beijing dix ans plus tard, travailler pour le nouveau Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Beijing 2022, en charge cette fois des relations avec les délégations sportives (Comités Nationaux Olympiques).

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Héloïse Gentil (capture d'écran d'une vidéo de Xinhua)

Elle témoigne que Beijing a désormais véritablement plus d’expérience en matière d’organisation : « J’ai retrouvé en rejoignant le comité de Beijing 2022, de nombreux collègues de Beijing 2008 et cette fois, le comité n’a recruté qu’une dizaine d’experts étrangers, les talents sont chinois, et ici à Beijing ! Bien sûr, un soutien particulier a été nécessaire sur de nombreux aspects des sports d’hiver, la gestion des stations, l’intervention médicale en montagne, la préparation des pistes, et c’est ce qui est particulièrement motivant : nous avons préparé les Jeux tout en étant conscient que nous ouvrions la voie au développement des sports d’hiver en Chine ! »

« La Chine a beaucoup misé sur les installations sportives, les hébergements, les équipements et c’était judicieux. Le plus important était d’assurer une expérience inoubliable aux athlètes ainsi qu’aux téléspectateurs grâce aux images fabuleuses qu’ont pu capturer les médias », a déclaré Mme Gentil.

Développement des sports en Chine

Ayant vécu à Beijing pendant une dizaine d’années, M. et Mme Gentil ont pu être les témoins du développement du sport en Chine.

« Depuis 2008, la vision des Chinois du sport a changé. Le sport n’est plus uniquement un moyen d’entretenir la santé, comme le taï-chï, les exercices matinaux, mouvements réguliers dans la journée, promenades digestives, etc. Le sport est devenu un loisir, un plaisir, et la pratique sportive en compétition n’est plus réservée aux élites », a noté M. Gentil.

Mme Gentil estime de son côté que l’essence des Jeux se trouve dans le fait d’inspirer les générations. « La force des Jeux est de faire naître des passions autant que la culture du dépassement de soi, souvent bien au-delà du sport », a-t-elle souligné.

Elle constate que les sports d’hiver en Chine ont connu un développement fulgurant ces dernières années : « De nombreuses stations ont été construites et les Chinois sont nombreux à vouloir se mettre au ski ou snowboard. Si de nouvelles stations de ski voient le jour, elles ne seront pas de trop », a-t-elle remarqué. 

« Aujourd’hui encore, je suis à Zhangjiakou, la station a été réquisitionnée pour les Jeux, seuls les hôtels sont occupés par les participants. Je ne peux m’empêcher de penser à des milliers de skieurs en herbe qui viendront dévaler les pistes l’an prochain », a-t-elle déclaré à La Chine au présent au milieu des Jeux paralympiques d’hiver de Beijing 2022. 

La famille Gentil pratique d’ordinaire beaucoup de taekwondo, fait du fitness en salle, mais aussi de longues promenades en roller au printemps et du patin sur les lacs et rivières gelés de la ville en hiver.

« Et comme beaucoup de Pékinois, on profite des installations sportives publiques de la ville, installées depuis longtemps par-ci par-là dans les quartiers résidentiels, tables de ping-pong en pierre en extérieur, machines de musculation solidement fixées dans le sol à disposition, gratuitement. La chance de cette ville est de pouvoir bénéficier d’un ciel bleu 3/4 de l’année », a souligné M. Gentil.

Coopération sportive sino-française

La Chine et la France sont deux grandes nations sportives. Les échanges sportifs constituent une partie importante des échanges humains entre les deux pays. Selon M. Gentil, le potentiel de coopérations dans le domaine olympique et sportif entre les deux pays est énorme.

Le couple est du même avis : « Le plus compliqué est de convaincre les Français de l’intérêt de la Chine. Aujourd’hui encore, la Chine est au centre de préjugés et de critiques, ceux qui oseront les relever et aller voir ce que ce pays a vraiment à offrir auront tout à gagner », a remarqué M. Gentil, « La préparation des JO d’hiver de Beijing 2022 s’est faite en autonomie ces deux dernières années à cause de la pandémie. Le pays a su construire des installations sportives époustouflantes dans des disciplines entièrement nouvelles et les gérer au plus haut niveau pour une édition des Jeux remarquable. » 

« La France a tellement d’expertise dans l’organisation de grands événements et la professionnalisation de ces métiers de la gestion du sport. La Chine a tellement de moyens. Il y a beaucoup à faire », a ajouté Héloïse. 

« On aimerait beaucoup rester en Chine malgré la fin de ce projet inoubliable. La France accueillera les prochains Jeux d’été à Paris en 2024, les équipes nationales chinoises sont déjà sur les starting-block. Dès la réouverture des frontières, les Jeux vont remettre la France en première place des destinations les plus prisées et nous serions ravis de faire découvrir aux Chinois la France Terre de Jeux ! » a ainsi conclu M. Gentil.