Marie, une Marseillaise qui voit son futur en chinois

2022-09-16 10:18:41|La Chine au Présent

« Peut-on assommer quelqu’un avec une baguette ? », « Que représente ‘‘Versailles’’ pour les Français ? », « Comment devenir président en France ? »… Depuis plus d’un an, Marie prend deux soirées par semaine pour tourner des vidéos divertissantes en chinois qu’elle publie sur ses réseaux sociaux.

Marie est une authentique jeune Française, elle a grandi à Marseille, au bord de la Méditerranée. En voyant ses cheveux foncés et son niveau de chinois, les internautes lui demandent souvent : « Tu es vraiment Française ? » Certains fans l’appellent même « Dilraba ». Elle en est amusée et flattée : Dilraba est une actrice chinoise d’ethnie ouïgoure connue pour sa beauté. Marie a aussi son nom chinois : Dai Mingxin. Alors qu’elle vient à peine de fêter ses vingt-cinq ans, son lien avec la Chine dure depuis plus de dix ans.

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Marseille

Premiers contacts avec la Chine

C’est à treize ans que Marie a eu son premier contact avec le chinois. Elle a tout de suite aimé cette langue si éloignée du français. « En cinquième, nous devions choisir nos options. Un professeur de chinois nous a présenté les sinogrammes, j’ai trouvé ça très intéressant », se souvient-elle. Le chinois ne l’a jamais quittée depuis.

En 2011, Marie était en quatrième, elle commençait son apprentissage du chinois. Elle a participé avec enthousiasme à un voyage scolaire à Beijing organisé par son collège. La Grande Muraille, la Cité interdite, le Temple du ciel, le palais d’Été... Comme chaque touriste qui se rend à Beijing pour la première fois, Marie a visité tous les monuments emblématiques de la ville. Dans son cas s’ajoutait la curiosité de la jeunesse : « Avant de venir en Chine, je n’avais jamais quitté l’Europe, j’ai trouvé que tout ici était vraiment différent. »

Lors de ce voyage, sa visite préférée a été le parc Jingshan, derrière la Cité interdite. Elle a été marquée par la vue sur Beijing du haut de la colline au centre de cet espace vert. Après ce séjour, Marie s’est promis qu’elle reviendrait en Chine.

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Parc Jingshan en automne

À son retour en France, elle a redoublé d’efforts pour maîtriser le chinois. Elle a fait appel à un professeur particulier, puis suivi des cours du soir.

En 2014, Marie a eu une autre opportunité de venir en Chine. Cette fois, en plus de Beijing, elle est allée à Shanghai et Xi’an. « J’aime beaucoup l’histoire de la Chine, j’ai adoré visiter Xi’an ! », commente-t-elle.

Son histoire avec la Chine ne faisait que commencer…

Rencontre inattendue et installation à Beijing

Après son baccalauréat, Marie a opté sans hésiter pour une licence de chinois à l’université. Elle savait que beaucoup de choses l’attendaient en Chine, mais elle ne pensait pas y trouver l’amour.

En 2017, Marie venait d’obtenir son HSK5 (le HSK est le test de mandarin officiel de la Chine pour les étrangers) lorsqu’elle a été acceptée à un programme d’échange avec l’Université des langues étrangères de Beijing (BFSU). Elle a pu y étudier le chinois pendant un an. Son année d’échange était presque terminée quand elle a rencontré Liu Yichen pendant un spectacle de danse auquel elle participait. Ça a été le coup de foudre ! Elle a alors pris une décision cruciale pour son futur : s’installer à Beijing. Dès son retour en France, Marie a candidaté à l’Université de communication de Chine (CUC) pour un programme de perfectionnement en chinois. Elle était de retour en Chine deux mois plus tard.

« La Beijing actuelle et la Beijing de 2011 sont très différentes », décrit Marie. La qualité de l’air s’est vraiment améliorée, la pollution n’est plus un problème, le métro s’est beaucoup développé. Ces changements l’ont beaucoup impressionnée.

Outre ces progrès, en tant que Française établie en Chine, Marie profite pleinement de l’économie numérique très développée du pays. Elle évoque par exemple les services de santé en ligne qui lui facilitent la vie. « J’utilise souvent les plateformes de soins en ligne, je fais ma consultation et j’achète les médicaments avec la prescription du docteur par Internet. Je peux même avoir les résultats de mes examens en quelques jours via une app, c’est très pratique. Je ne pense pas que ce soit possible en France. »

Marie a les applications des hôpitaux de Chaoyang et Anzhen sur son téléphone, et sait se servir du mini programme WeChat « Jingyitong » que les Chinois apprécient pour réserver leurs consultations à l’hôpital. « Sur Jingyitong, il y a un service de réservation pour les étrangers, c’est très pratique. »

Comme les jeunes Chinois, elle adore faire son shopping sur Internet. La praticité des plateformes de commerce électronique et la rapidité des livraisons ont rendu le shopping en ligne indispensable pour elle.

Un regard positif sur la Chine et le numérique

Même si elle ne travaille pas depuis longtemps, Marie a une expérience professionnelle très riche. Aimant les enfants, elle a trouvé un emploi dans un centre d’éducation préscolaire dès sa sortie de l’université. Puisqu’elle a remporté des prix dans des compétitions de hip-hop, apprendre aux enfants à danser et les initier aux langues étrangères était naturel pour elle. Plus tard, grâce à son niveau en chinois, elle a travaillé dans le commerce extérieur plusieurs années.

« J’ai obtenu mon HSK6, c’est le plus haut niveau de l’examen », dit-elle fièrement. Beaucoup d’étrangers trouvent le chinois difficile à apprendre, mais elle ne s’en plaint pas. Après tout, les noms n’ont pas de genre ni de pluriel en chinois. Les tons restent le plus grand obstacle pour elle. Heureusement, son compagnon chinois peut la corriger si besoin.

En 2021, Marie et Yichen ont créé leur entreprise avec l’ambition de monter une plateforme qui inspirera les Chinois à étudier le français. « Beaucoup de Chinois sont intéressés par le français. Nous commençons à peine, nous n’avons pas encore beaucoup d’étudiants, mais nous cherchons toujours à nous améliorer », détaille-t-elle. Leurs élèves sont surtout des adultes qui apprennent soit pour le plaisir soit pour passer une certification.

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Lors de la cérémonie de clôture des J.O. d’hiver de Beijing (Xinhua)

Aujourd’hui, Marie cumule environ 40 000 fans sur les plateformes de vidéo chinoises comme Bilibili et Douyin (équivalents respectifs de YouTube et TikTok). Même si Marie est seule devant l’objectif, le choix des sujets se fait souvent au fil des discussions avec Yichen. « Cette année, nous avons regardé les J.O. d’hiver de Beijing ensemble, cela nous a inspiré un sujet de vidéo. Nous avons aussi évoqué la bande-annonce des J.O. de Paris », commente Yichen. « Ce n’est qu’en parlant avec Marie que j’ai compris les différents sens du logo. » Le logo en question est celui des Jeux olympiques de Paris 2024, qui rassemble une médaille d’or, la flamme olympique et un des symboles nationaux français, Marianne. La réaction des fans est la même que celle de Yichen, beaucoup ont discuté sous la vidéo, rapprochant les cultures chinoise et française.